2008 



NADAR / RAMA

Portraits photographiques de Nadar, (1820-1910)
réinterprétés par le dessin et la peinture


      

    Paul Chenavard                                         François Lesueur                                          Eugène Pelletan


En 2008, et pendant plus d'une année, j'ai entrepris de réinterpréter, avec tous les moyens graphiques à ma dispositon, les portraits de Nadar rassemblés dans le merveilleux petit volume N° 1 de la collection Photo-Poche. (Edition 1983 du Centre National de la Photographie et du Ministère de la culture
).

Ce volume offre en petit format (10 x 14 cm) 64 reproductions de portraits choisis parmi les milliers de ceux que Nadar a réalisés, ... reproductions de qualité excep-tionnelle pour une édition de poche.

Pendant des mois, j'ai donc scruté ces portraits : Hugo et Beaudelaire, Morny et Thiers, Rossini, Berlioz, Chevreul, Becquerel... et j'ai reproduit, réinterprété plusieurs fois l'image de chacun d'entre eux dans divers formats et diverses techniques, réalisant plus de 250 portraits, dessins et peintures, depuis le simple croquis jeté à la plume jusqu'à des  peintures et des pastels en assez grand format. Longue période d'entraî-nement et d'apprentissage de l'œil et de la main, à la rencontre des visages.

      
  Victor Cousin
                                         Charles Philipon                                     Eugène Chevreul 

          

Maurice Saphir                                           Femme inconnue                                   Adam Salomon


Nadar venait de la peinture et du dessin, dessin de presse en particulier. Dès les années 1840, il découvre la photographie dans ses débuts et très vite il monte une grande entreprise photographique et fait les portraits des grands hommes - 4 femmes seulement parmi ces 64 portraits ! - et des artistes de son siècle. On se presse dans son atelier du boulevard des Capucines... et le miracle, c'est qu'au lieu de multiplier les images vides en utilisant un procédé chimico-mécanique qui venait d'être inventé, il a réalisé de véritables portraits, c'est-à-dire des images habitées.

Là est la question.

Il était donc particulièrement riche de renverser le mouvement qui a eu lieu au XIXème siècle, de repartir de la photographie, des chefs-d'œuvre de Nadar, pour retourner au dessin, au graphisme, et à la couleur. Tenter d'ouvrir un chemin original qui parte du cliché unique (et le plus souvent sublime !) de Nadar, et qui, passant par la diversité des techniques, des formats et des interprétations sensibles d’une même image, parvienne à en re-déployer des facettes évidentes, secrètes ou inattendues.


Qu’est-ce que la présence d’un portrait ?

C’est une rencontre : quelque chose que le sujet représenté impose, certes, mais c’est aussi un certain regard  que l’on accorde avec plus ou moins de générosité au visage rencontré. Belle expérience de l’humaine présence, présence reçue, présence accordée.


 
   
    
                                                                           Gérard de Nerval


       
                                         
                                                               Honoré Daumier

                                                         

 

Rama ou la révélation du dessin
par Elisabeth Maret

Nous connaissons tous, parfois sans le savoir, ces portraits photographiques de Nadar, qui ont fait dire à leur époque que la peinture de portrait était finie, dépassée.

Nadar avait-il conscience de la puissance des regards qu’il saisissait, et que ceux-ci portaient l’effroi de la première photographie ? Etre immortalisé par cette étrange boîte noire avait quelque chose de contre nature. Toujours est-il que ces figures restent d’une force jamais égalée.

Sur ces réflexions, Louis Rama a  fait le projet  d’inverser le temps en interprétant à son tour ces portraits au moyen de procédés variées : encre noire et blanche sur papiers colorés ou préparés, divers formats, différentes plumes plus ou moins nerveuses, spontanées, fouillées ; les traits témoignant  plus ou moins de l’impulsion première.

L’auteur fait le pari de révéler des caractères par un travail en série, en acceptant à chaque étape ce qui advient, en cherchant cette aventure. Car la magie de la révélation n’appartient pas qu’à la photographie. En dessinant aussi on peut se laisser surprendre par les formes ou les couleurs qui naissent sponta-nément, on peut en jouer, choisir de les faire vivre, leur donner le beau rôle, ou les abandonner dans un fond.

Bien que le portrait semble être improbable aujourd’hui, c’est dans la conjonction de ces déclinaisons d’un même cliché qu’on peut voir que Rama est en train de gagner son pari.

Ces personnes, qui appartiennent à l’histoire, nous apparaissent soudain à l’intersection d’une série. S’affranchissant des clichés de Nadar, leur regard semble exister, d’une autre manière.

                       Elisabeth Maret
                                          professeur d'arts plastiques

                                          Carpentras, le 21 juin 2008








Dernière modification le 05/08/2020



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