2006


Les hurlants, les dormants et les éveillés

(triptyque acrylique sur panneaux de contreplaqué 70 x 130 cm)




      


Cette peinture a une histoire. Elle s'est progressivement imposée à moi. Le premier panneau, celui des Hurlants, en dominante rouge, a exigé d'être contredit par le suivant, en bleu, intitulé Les Dormants... et tous deux ensemble ont appelé la naissance d'un troisième dans des dominantes de terre : Les Eveillés. Le triptyque ici n'a donc rien d'un formalisme gratuit, il est le résultat d'une démarche, il traduit une exigence de la pensée et de la vie.

A l'origine, il y a une scultpture-modelage de petite taille (30 x 25 cm) réalisée en argile, et inspirée par les travaux des artistes du CREHAM de Cavaillon : Dans une motte d'argile écrasée sur la table, façonner un très grand nombre de visages !

Leurs travaux me bouleversent et je m'empare à mon tour de cette idée-consigne. C'est l'impulsion initiale : Je vois grouiller des images d'horreur, un monde où chacun ne crierait que "Moi !", "Moi !", "Moi !", un monde où chacun, littéralement, jouerait des pieds et des mains pour survivre en écrasant tous les autres. D'où le titre : Les Hurlants.


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Les Dormants



Les Hurlants



Ces images d'horreur me travaillent, elles sont insupportables. Elles appellent un autre monde où chacun pourrait s'appuyer sur l'épaule de l'autre jusque dans l'innocence du sommeil et de la caresse partagés. Ce seront Les dormants, et je ne suis pas étonné de voir surgir au sommet de leur groupe, sans l'avoir vraiment voulu, une évocation du Christ et de Bouddha endormis côte à côte !

Mais comment se satisfaire de cette image d'inertie et en définitive de mort... d'où la création d'un troisième groupe que j'aurais voulu appeler Les Marchants ... mais on me demandait alors ce qu'ils avaient à vendre !

Ils ont les yeux ouverts, il regardent tous dans une même direction, je les ai appelés Les éveillés.


L E S    H U R L AN T S


Vient un jour l'envie de donner à ces minuscules visions de terre une plus grande puissance, celle que peuvent offrir des panneaux de bois d'assez grande taille et la richesse des couleurs quand elles sont conjuguées.

Bonheur alors de retrouver quelque chose de la forme ancienne des triptyques médiévaux où la succession des panneaux construit un déroulement, un raisonnement, un discours.

Clin d'œil à Jérome Bosch, aux représentations des damnés dans la grande tradition des jugements derniers en peinture comme en sculpture... clin d'œil aussi aux masques de James Ensor...

Belle occasion enfin d'utiliser tout ce que le monde des masques a pu nous apporter avec la puissance démesurée du grotesque...

 

L E S   D O R M A N T S 


Ce deuxième panneau serait en dominante bleue : une sorte de camaïeu de douceur nocturne, lunaire. Oui, les bleux enfin, après la violence explosive, insuppor-table, des rouges qui précédaient.

Outre la survenue inattendue, tout en haut, du Christ et du Bouddha, cette peinture obéit à une grande part d'improvisation. Seul le haut du panneau reprend la construction du modelage initial. 

Plus bas, l'atmosphère nocturne a imposé la survenue de la lumière oblique comme d'un rayon de lune dans une chambre obscure. Elle éclaire en particulier plusieurrs images de masques traditionnels...

Tout en bas une tête de femme représentée en 3/4 arrière s'offre comme une énigme. Est-ce que ce sont ses cheveux ? Est-ce un foulard déployé qui rassemble et accueille ces dormants, ces rêvants, ces mourants ?

Mystère de l'alliance de la vie, de la mort et du rêve.

 
 L E S    E V E I L L E S



Après les rouges et les bleus, voici les ocres, les teintes de terre. Ici encore, comme souvent, j'appuie les trois temps du triptyque sur la succession des trois couleurs fondamentales. 

Ce qui est nouveau, c'est l'orienta-tion de tous ces visages. L'action : un ailleurs les attire. Hommes et femmes de tous les âges, ils sont en mouvement. Ce n'est plus un tas ou une masse, mais une sorte de  peuple en marche. Avec un bébé, des parents et grand-parents, des vieillards. Ce sont des gens ordinaires mus par le désir, la curiosité ou la peur.

Au sommet de leur groupe, une femme, guide ou symbole de la vie.

Et parmi eux, la surprise d'un grand singe arrêté qui les regarde passer. Autre symbole du grand fleuve de la vie qui depuis toujours porte et dépasse infiniment notre humanité.
 






















Dernière modification le 13/12/2020



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